Poursuite de la réflexion suite à la conférence sur la radicalisation

Compte-Rendu partiel de la réunion du 7 octobre à la cité scolaire André Chamson

portant sur la compréhension des mécanismes de la radicalisation des jeunes (sous entendu enrôlement pour ledjihad) interprétée comme emprise sectaire.


Impossible de résumer en quelques lignes 3 heures d'exposé de M. Jean-Pierre Jougla sur les analogies entre le processus d'emprise progressive d'une secte sur des adeptes devenus asservis à un gourou et l'évolution, parfois très rapide et le plus souvent ignorée des proches, de jeunes garçons ou filles qui finissent par partir en Syrie ou en Irak combattre auprès des groupes islamistes.


Le parallèle est séduisant et répond en partie à certains aspects incompréhensibles pour des gens « raisonnables » de bouleversements complets de mode de pensée, de valeurs, de paradygme : le fanatique n'est plus dans le même monde que nous. L'individu n'est plus sensible aux arguments de la raison car il n'a plus les mêmes critères et références.

Les méthodes pour capter des adeptes et les leviers ou événements qui permettent de s'échapper d'une secte peuvent aussi éclairer des pistes pour lutter contre la radicalisation.


Toutefois, la volonté manifeste (dictée par la préfecture?) de minimiser les rôles de la religion et du contexte social et politique a laissé l'auditoire un peu dérouté, il me semble. Et comme le temps a manqué pour une discussion plus concrète sur les causes de la radicalisation et les moyens de la contrer, la frustration était sensible au moment de clore la conférence.


Il nous appartient à tou(te)s de poursuivre la réflexion et de proposer des réponses au défi posé non seulement par la dérive terroriste de quelques uns (si terrible soit elle, elle n'est le fait que de quelques individus) mais plus globalement par les tensions communautaristes. Si la raison doit l'emporter, ce sera grâce à l'affirmation vigoureuse de notre laïcité (la France est un des rares pays où elle est clairement affirmée, même si pas totalement appliquée) et à la déclaration affectueuse de notre volonté de vivre ensemble (il est écrit, sur le fronton de la mairie, liberté, égalité...)


Cela vaut la peine d'y penser, non ?


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Commentaires: 5
  • #1

    Latapy Robert (lundi, 26 octobre 2015 09:32)

    Voici la réponse qu'a fait M. Philippe Rigoulot de la Maison des Adolescents lorsque je l'ai informé de notre intention d'ouvrir ce débat :

    "Le contenu de la formation qui a été dispensée n'est pas le fruit d'une concertation avec les services de la Préfecture mais bien le résultat des 40 années d'expérience de M. Jougla et de l'expertise de l'ADFI dans ce domaine.
    Il a semblé intéressant, dans un premier temps, de se distancer de l'objet "religion" en tant que tel pour évoquer de manière plus large les mécanismes qui sont à l'oeuvre dans le processus d'emprise mentale.
    Bien sûr, la question des registres sur lesquels peuvent s'appuyer des discours d'emprise (religion, misère sociale, conflit civilisationnel) peuvent faire l'objet de débats locaux.

    Je salue votre initiative qui consiste à vous saisir de ce temps d'échanges pour alimenter plus avant votre réflexion, localement. Ce n'était pas l'enjeu de la formation de ce jour, concentrée plutôt autour d'une sensibilisation des professionnels à ces mécanismes dans le cadre d'une prévention secondaire, c'est-à-dire dans la perspective de prise en charge de situation.
    Ce que vous évoquez, autour de la mise en mouvement de débats sociétaux relève de la prévention primaire dont la plateforme n'a pas vocation à se saisir."

  • #2

    Latapy Robert (dimanche, 29 novembre 2015 13:04)

    Lorsque j'ai proposé d'ouvrir cette discussion, j'étais loin d'imaginer le drame qui a eu lieu à Paris 15 jours après. Pourtant, pour des raisons que j'ignore, personne ne prend ici la parole sur ce sujet, même timidement. Le silence n'est pas une réponse qui puisse apporter des solutions, sauf à subir les événements.
    Personne n'est innocent, pas même ceux qui ne font rien. Directement ou indirectement, nous participons tous à l'état du monde : même si nous pensons ne pas avoir la force d'en infléchir le cours, il est important d'exprimer nos idées et les actions qui nous semblent utiles pour donner un sens à l'Histoire.
    Personne n'est indispensable, mais chacun est nécessaire. Qui tente d'ouvrir le dialogue et la réflexion ?

  • #3

    CARETTE (jeudi, 17 décembre 2015 21:16)

    Oyé oyé!!!!!

    Il est tellement facile d'enrôler des enfants, comme il est bien de pouvoir respirer, "l'un est vital l'autre meurtrier".A vous de différencier!
    Tout cela pour dire et proclamer que l'heure est arrivé de reconsidérer l'éducation de nos enfants qui ne sont plus des enfants "modele" de l'ancienne éducation de nos propres parents ou régnaient l'art et le devoir du respect, mais des enfants libres de pouvoir s'exprimer et aussi libre de pouvoir partir vers l'inconnu terre d'accueil ou les plus démunis se risque à partir pour défendre des causes stériles. Vous me direz et pourquoi?
    Je répondrais, faciliter de l'animal à respecter son monde sauvage, n'excuse en rien l'évolution de notre cause;En conséquence le prédateur attire ces "proix"en détresse ou en manque de reconnaissance pour les pervertir à son NARCISSISME .
    a notre époque ou les moyens de communication sont multiples, les rois de la lâcheté se permettent d'utiliser ce moyen comme bouclier mais aussi comme un moyen de diffusion à travers des discours barbares et sans raison.
    Il est temps de se réveiller et de ne plus laisser place au silence pesant de la peur d'exprimer ce que notre pays c'est battu à travers des guerres depuis jadis.
    Dans notre société multiculturelle la laïcité à sa place depuis 1905. Plus de cent ans après, je me rend compte que cette terre d'accueil, de liberté égalité fraternité risque de se transformer en terre de peur et de paranoïa pour simplement laisser
    place à un monde passif et pourtant riche en combat, morale, humanisme et bien d'autres encore. Demain est le jour d'exprimer notre désinvolture face à une minorité grandissante, demain est le jour de combattre sans les armes et de prouver que le bien dominera toujours du mal de celui qui exprime ses maux par des actes de violence et lâche d'entrainer les plus faibles ou les moins armés de lucidité à des fins exterminatrices. Agnostique depuis fort longtemps, je respecte malgré tout la religion de chacun et encourage ces derniers à continuer tant que ces choix amènent la croyance pour la paix et non pas pour des caprices de pseudosdieux se croyant tout permis.
    Ce discours est spontané suite aux écrits de Robert Latapy que je considère comme un combattant pour l'humanité.
    Joigniez vous, multipliez vous, unissez vous face à ce fléau grandissant de notre siécle qui risque de transformer notre pays en magasin alimentaire pour schizophrène en manque de quete.

    Mickael Carette

  • #4

    Robert Latapy (lundi, 21 décembre 2015 22:31)

    Merci Mickael pour ces réflexions et constats toniques : oui, il faut que toutes les personnes "de bonne volonté" reprennent la parole, haut et fort, pour couvrir jusqu'à faire taire tous les cracheurs de haine et de violence. Peut-être la fcpe n'est pas le lieu idéal, en voici un nouveau
    www.esprit-librexxi.jimdo.com
    qui a pour but de réfléchir ensemble aux moyens de renforcer la cohésion sociale autour de la laïcité, qui est plus nécessaire pour les croyants que pour les athées.
    Nous prenons peu à peu conscience, même si tout est loin d'être parfait, que nous vivons dans un pays où la liberté peut s'exercer. Situation fragile, jamais définitivement acquise et qu'il est important de défendre.

  • #5

    carette (vendredi, 25 décembre 2015 17:42)

    Merci pour le cite.
    PASSEZ DE BONNES FETES!!!!!